Agroforesterie et vignes à Bordeaux : 6 choses à savoir
Agroforesterie dans les vignes de Bordeaux : 6 points à retenir
Quand on vous dit « vignoble », quelle image vous vient en tête ? Certainement des rangs de vignes à perte de vue, seuls, sur fond de ciel bleu. Et pourtant… De plus en plus de silhouettes d’arbres et d’arbustes enrichissent le joli paysage du Bordelais. Ces nouvelles plantations sont importantes, en particulier pour la protection de l’environnement et de la biodiversité. Devenez (presque) incollable sur l’agroforesterie dans les vignes de Bordeaux en quelques minutes, grâce à notre antisèche en 6 points clés !
1. L’agroforesterie, une définition plus simple qu’il n’y paraît
Il faut l’avouer : « agroforesterie » peut sembler obscur de prime abord. Mais rassurez-vous ! Il s’agit uniquement de la coopération d’arbres (« foresterie ») et de cultures (« agro ») sur une même parcelle. Dans le cas d’un vignoble, on parle aussi plus précisément de vitiforesterie.
En viticulture, le principe de l’agroforesterie viticole consiste à planter des arbres et des arbustes, soit directement dans la parcelle (à la place de ceps de vignes ou entre deux rangs), soit sur ses bordures (en haies ou en îlots par exemple). Souvent, ces plantations sont associées à des vergers et potagers, des semis végétaux, la présence d’animaux (comme les moutons) et de ruches.
Château de Cranne – AOC Côtes de Bordeaux & Loupiac
2. Des espèces d’arbres locales avant tout, pour choyer la biodiversité
Aux balbutiements de la vitiforesterie, les vignerons avaient tendance à privilégier un alignement d’arbres ou d’arbustes de la même espèce. Toutefois, la plupart d’entre eux se sont vite rendu compte d’une chose : rien de mieux pour préserver la biodiversité que de miser sur les essences indigènes. Et avec les nombreuses variétés champêtres ou fruitières existantes à Bordeaux, il y a du choix !
Cette diversité est en effet un atout : chaque floraison et chaque production de fruits sont différentes, stimulant ainsi la flore environnante. Ces nouvelles strates végétales hébergent par ailleurs une faune précieuse (araignées, abeilles, oiseaux, reptiles, chauve-souris…). Des alliés de choc face aux ennemis de la vigne !
Château d’Esther – AOC Bordeaux & Bordeaux Supérieur
3. Les avantages de la vitiforesterie, cette pratique qui nous veut du bien
Si le modèle arbres-vignes favorise la protection des espèces, elle possède de nombreux autres bénéfices, qu’ils soient agronomiques, écologiques, économiques ou sociétaux.
Participer à un meilleur écosystème agronomique
Les arbres contribuent grandement à la bonne santé des sols, pour des raisins de qualité. Leurs feuilles mortes sont notamment source d’éléments nutritifs, tandis que leurs racines décompactent la terre.
Atténuer le changement climatique
En captant le carbone, les arbres aident à réduire l’impact de l’homme sur le climat. Mais ce n’est pas tout : jouant à la fois le rôle de brise-vent ou d’abri du soleil, nos amis feuillus régulent la température.
Constituer une barrière naturelle aux produits sanitaires
Pour réduire ces diffusions, la plantation de haies entre différentes parcelles agricoles et les habitations est une protection physique efficace.
Enrichir la diversité des paysages viticoles
Quoi de plus agréable pour les riverains, les viticulteurs et les œnotouristes, que de profiter de panoramas naturels variés ? Les arbres et arbustes contribuent à leur aménagement et à leur beauté.
Offrir une autre source de revenus pour le vigneron
En plantant des arbres sur ses parcelles, le cultivateur peut bénéficier d’une ressource économique complémentaire en vendant leurs fruits, ou encore leur bois.
Créer un trait d’union avec les populations locales
Le programme Gironde Verte, créé par le CIVB en 1992 et soutenu par l’Éducation nationale, permet de sensibiliser les enfants à la protection de la biodiversité et à l’agroforesterie viticole.
Château d’Esther – AOC Bordeaux & Bordeaux Supérieur
4. Les effets de l’agroforesterie sur le goût du vin
Oui, dans tout cela, qu’en est-il de l’impact des pratiques sylvicoles sur le goût des vins de Bordeaux (que vous pouvez d’ailleurs découvrir au cours d’un atelier passionnant pour vous initier à la dégustation) ? Alors que de nombreux vignerons évoquent une « fraîcheur supplémentaire », peu de travaux scientifiques ont été réalisés sur le sujet.
Château de Reignac – AOC Bordeaux Supérieur
Cependant, une étude menée par l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) tend à confirmer ce ressenti : davantage protégés de la chaleur pendant la floraison et la vendange, les raisins cultivés en agroforesterie présentent plus d’acidité. Cette pratique agroécologique semble ainsi précieuse pour éviter que le raisin ne mûrisse trop vite et favoriser son développement aromatique.
5. L’agroforesterie dans les vignes à Bordeaux s’accélère
Si, en 2022, 75 % des surfaces viticoles bordelaises étaient certifiées par une démarche environnementale, de plus en plus d’exploitations vont plus loin et montrent l’exemple avec l’agroforesterie. Les projets de plantation fleurissent, comme au Château Anthonic à Moulis-en-Médoc, à la cave coopérative Bordeaux Families à Sauveterre-de-Guyenne ou au Château des Anneraux à Lalande-de-Pomerol. Pour ne citer qu’eux…
Dans tous les terroirs de Bordeaux, les initiatives collectives se multiplient elles aussi. Entre autres, l’association Arbres et Paysages en Gironde agit en faveur de l’implantation de haies champêtres et d’arbres. Big Ensemble a quant à elle pour objectif de planter 300 000 arbres dans le vignoble bordelais d’ici 2024. D’autre part, elle souhaite engager 100 % des propriétés de la région d’ici 2030.
Château de Cranne – AOC Côtes de Bordeaux & Loupiac
6. Une méthode vigneronne ancestrale à se réapproprier et à comprendre
Si l’agroforesterie dans les vignes est une pratique très ancienne, elle reste une innovation à l’échelle de notre monde contemporain, après l’abandon de la polyculture dans les années 60-70. Nous ne savons donc pas encore tout d’elle.
De nombreux projets scientifiques sont en cours sur le terrain, pour mesurer précisément son impact et identifier petit à petit les risques et erreurs à éviter. Parmi eux, les effets de la lumière : l’ombre et l’humidité engendrées par les arbres peuvent favoriser certaines maladies. Autre exemple : réussir à maîtriser les coûts de ces pratiques pour le viticulteur, liés aux investissements financiers, à la formation des équipes ou bien aux changements des techniques culturales.
Château Anthonic – AOC Médoc
Pour conclure ce tour d’horizon, laissons le mot de la fin à Nea Berglund, vigneronne au Château Carsin, à Rions : « pour créer une biodiversité plus riche, il n’y a pas de problèmes ou de points négatifs, même les petits pas comptent ! ». Et pour en savoir plus sur les engagements écologiques des vins de la région, rendez-vous lors des ateliers de l’École des Vins de Bordeaux 🍷
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