Virginie Aubrion, une femme puissante.
PORTRAIT
janvier 28, 2018

Virginie Aubrion, une femme puissante.

Virginie Aubrion a la voix grave, de celles qui ont vécu milles choses et que la vie n’a pas trop épargnée. Elevée dans le sud de la France du côté de Nice, elle se voyait demeurer dans la montagne, au sud-est, et n’aurait jamais parié s’installer à Bordeaux, encore moins pour être vigneron.D’ailleurs, lorsqu’elle se présente, Virginie ne féminise pas son métier en vigneronne. Non pas par velléité égalitaire avec ses homologues masculins mais plutôt « parce que les lettres de vigneron apparaissent selon cet ordre dans mon prénom et mon nom » : VIrGiNiE AubRiON » Aubrion, du nom de son mari aujourd’hui décédé et sans qui toute cette vie n’aurait été chamboulée.

D’ailleurs, lorsqu’elle se présente, Virginie ne féminise pas son métier en vigneronne. Non pas par velléité égalitaire avec ses homologues masculins mais plutôt « parce que les lettres de vigneron apparaissent selon cet ordre dans mon prénom et mon nom » : VIrGiNiE AubRiON » Aubrion, du nom de son mari aujourd’hui décédé et sans qui toute cette vie n’aurait été chamboulée.

Après des études à Sciences Politiques et en marketing à Grenoble à la fin des années 1970, la voilà qui monte à Paris, des rêves plein les poches et la certitude d’un métier qui les remplit. Elle sera responsable marketing dans une entreprise d’agro-alimentaire.

Son métier lui plaît. « J’étais en CDI dans une entreprise qui marchait bien. J’ai eu la chance d’avoir des responsabilités très importantes dès le début de carrière ». Elle voyage beaucoup, rencontre sans cesse de nouvelles têtes. La vie parisienne et privilégiée bat alors son plein, rythmée par la naissance de ses six enfants, une fille et cinq garçons. « Mais je n’ai jamais mis en pause ma carrière, j’ai toujours travaillé ».

C’est à cette période également qu’elle affine son goût pour le vin. Celle qui avait été élevée dans une famille ou la « bonne bouffe » siégeait à tous les repas, trempant le bout des lèvres le dimanche dans les verres des adultes, devient amatrice de bonnes bouteilles. « Je buvais des vins d’entrée de gamme et des très bons vins, mais je trouvais qu’il manquait des vins abordables et de qualité. » Sans en avoir conscience à l’époque, c’est ce défi là qu’elle relèvera avec les vins issus de sa propriété, le Château de Piote.

Son installation dans la région bordelaise ne s’est pas faite en un tour de main. A l’époque, son mari, atteint d’une maladie grave, a émis le souhait de changer de vie. « Il était directeur marketing d’une entreprise pharmaceutique. L’idée était qu’il devienne vigneron ou agriculteur et que moi je m’occupe de toute la partie commerciale ». Ils prospectent dans le sud de la France, sans résultat. « On a cherché méthodiquement pendant un an… » Jusqu’au jour où un vendeur plus déterminé que les autres les convainc de visiter une propriété dans le Bordelais, vendue en viager.

« Je me souviens du jour de la visite, la maison était en ruines mais le chai n’avait pas l’air en mauvais état ». Virginie revient alors sur les lieux avec un conseiller de la Chambre d’Agriculture pour évaluer le chai et l’état des vignes. « Il se trouve que le terroir était excellent, que les cuves étaient bien conservées et que si je m’installais en Jeune Agriculteur, je pouvais emprunter à 2% pour acheter la propriété ».

Ni une ni deux, Virginie abandonne son métier, trouve un BEP en viticulture-œnologie à Blanquefort et se forme durant plusieurs mois. « J’avais 39 ans, il fallait faire vite pour reprendre l’exploitation en tant que Jeune Agriculteur ». Pendant ce temps, son mari rachète une petite pharmacie dans la région, de quoi faire bouillir la marmite pour toute la famille. C’est désormais Virginie, et elle seule, qui sera vigneron sur le château de Piote.  

La première récolte a eu lieu à l’été 1998. Toute la famille Aubrion dort alors dans des tentes pendant l’été – la maison est inhabitable –  sous l’œil acariâtre de la vieille femme encore propriétaire. « On a du passer pour des farfelus car à l’époque on a labouré puis vendangé à la main avec l’aide de nos amis qui s’arrêtaient chez nous sur la route des vacances». Le bio n’était pas encore à la mode.

Pourtant aujourd’hui, tous les vins de Château de Piote sont biodynamiques depuis 2009 et certifiés ECOCERT depuis 2012.

« Après la mise en bouteille de cette première récolte, on était tellement impatients de goûter le vin que l’on a ouvert le soir même une bouteille de blanc… et le résultat était excellent. 1998 reste une très bonne cuvée». Et puis les années se sont écoulées, rythmées par les récoltes, les aléas climatiques et intimes.

La mort de son mari en 2010 réduit encore un peu ses revenus. « Mes fils viennent régulièrement me prêter main forte, mais je compte aussi développer l’activité de réception pour des séminaires et des mariages ». C’est d’ailleurs dans cette grande et belle salle, où trône un ancien four à pain, que l’hôte fait déguster ses vins aux amateurs. « Je n »ai pas le choix, j »ai tout quitté pour faire ce métier, il faut que l »on s »en sorte », explique-t-elle, un petit zeste de nostalgie dans la voix. « Mais je suis aventurière et déterminée ». 

Et curieuse, aussi.  A 60 ans, Virginie cherche encore de nouvelles méthodes de vinification : « Je me suis procuré des jarres en terre cuite pour le vin rouge et en grès pour le blanc… cela permet de mieux oxygéner le jus avec un goût du fruit assez sonnant. On a vraiment l’impression de croquer dans une grappe de raisin ». 

La retraite ? Elle n’y pense pas encore : « il paraît qu’il me reste encore sept ans… » De quoi encore expérimenter, améliorer, et jamais se reposer.

Le Château de Piote c’est

·      du rouge, du blanc, du rosé, du clairet, du crémant

·      5 cépages rouge : merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, malbec, petit verdot

·      cépages blanc : sémillon, colombard, sauvignon

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