Rencontre avec Mehdi Dubrulle
Comment est née votre passion pour la gastronomie et les produits du terroir ? J’ai grandi en Normandie, loin de l’agitation parisienne. Nous avions l’habitude de parcourir en famille les restaurants du bord de mer, toujours approvisionnés en produits frais. La viande, les pêches du jour, le fromage… Autant de saveurs qui éveillent les papilles ! D’origine marocaine, j’ai la chance de connaître deux cultures culinaires. Du coup, en arrivant à Paris, j’ai indirectement su que j’avais envie de transmettre aux autres ma passion des bonnes choses, héritée de ma mère.
Quelles ont été vos plus belles découvertes du vignoble bordelais ? Le deuxième jour au Château Dauphiné-Rondillon. Le ciel était d’un bleu éclatant, le cadre majestueux. La propriétaire, Sandrine Darriet-Froléon, nous a fait visiter son domaine, tandis que son frère Jean-Christophe supervisait les vendanges. Elle nous a expliqué avec passion et humour la parfaite balance entre humidité, ensoleillement et altitude, qui caractérise les vignes de Loupiac, un phénomène de terroir par excellence. Le vin dégusté était un liquoreux d’une belle robe dorée et miel, d’un excellent cru. Je n´ai jamais autant eu envie de goûter un vin à 10 heures du matin !Thierry Valette, quant à lui, est le vigneron qui m’a le plus fait comprendre ce qu’est l’amour de la vigne et de la biodiversité. Sa manière de faire coexister plantes, insectes, oiseaux et fleurs est magique. Je me suis retrouvé assis face à lui lors de notre dîner chez Garopapilles. Nous avons beaucoup discuté, de terroir, de vignes, de biodynamie, du vigneron corse Jean-Charles Abbatucci que nous apprécions beaucoup tous les deux. Thierry Valette est un homme passionné et passionnant. Dans mon travail, je me dois de retranscrire la sensibilité et la passion de ce type d’artisan.
Quel est l’accord mets-vins qui vous a le plus plu ou étonné durant votre périple? Des biscuits salés au wasabi ou un fromage de type roquefort, bleu ou gouda, avec le Loupiac du Château Dauphiné-Rondillon. Une alliance parfaite et incroyable. Il m’est souvent arrivé de commander un verre de Sauternes avec des cacahuètes ou des chips à l’apéro. Mes potes se moquaient de moi, mais j’ai compris à Loupiac qu’en fait j’avais trouvé, sans le savoir, un super accord met-vin…
Que retirez-vous de cette expérience à Bordeaux ? La qualité des vins dégustés et la passion des vignerons que nous avons rencontrés sont tout simplement exceptionnelles. Ces hommes et ces femmes passent leur temps dans la vigne, avec leurs raisins. Je sors de ce court séjour des idées plein la tête !
Et Bordeaux demain ? Le voyage, les visites et les dégustations m’ont conforté dans l’idée que les choses évoluaient à Bordeaux : on limite de plus en plus le recours aux engrais chimiques et aux pesticides en faveur de produits artisanaux bio. Cette évolution prendra du temps, car elle représente de gros coûts financiers pour les viticulteurs et les vignerons.