La guerre des bouchons
ÉDUCATION
juin 23, 2016

La guerre des bouchons

Qui n’a pas une fois déversé, avec regret, au fond de l’évier l’intégralité d’une (bonne) bouteille de vin victime d’un affreux goût de bouchon ? Cette mésaventure n’est pas rare quand on sait qu’une bouteille sur vingt peut être touchée par le phénomène. 
Pour pallier ce mauvais tour joué par le bouchon en liège, d’autres types d’obturateurs ont vu le jour. Mais s’ils permettent d’éviter les bouteilles bouchonnées, ils ne font pas forcément l’unanimité. Entre bouchon en liège, à vis ou synthétique, difficile de trouver un terrain d’entente…

En France, les traditions ont la peau dure : la plupart des bouteilles (près de 70%) présentent, encore aujourd’hui, un bouchon en liège. Les puristes vous diront, en effet, qu’ils préfèrent courir le risque de découvrir un vin bouchonné plutôt que d’ouvrir des bouteilles encapsulées ou obturées avec un bouchon synthétique. À l’inverse d’une capsule à vis accusée d’être trop hermétique, ou du bouchon synthétique, trop perméable, le bouchon en liège est réputé pour favoriser une évolution optimale du vin grâce à son étanchéité naturelle. Mais la contamination possible du liège par les TCA, ces molécules responsables de cet imprévisible et désagréable goût de bouchon, met à mal, aujourd’hui, sa légitimité.

Au risque de se voir détrôné, le bouchon en liège doit dorénavant faire face à une concurrence redoutable. En plastique ou en canne à sucre bio, le bouchon synthétique propose une alternative intéressante grâce, notamment, à son coût imbattable. Il a pour principal avantage d’écarter tout risque de goût de bouchon et d’éviter le phénomène de couleuse (le vin qui fuit). Mais beaucoup lui reprochent son aspect peu orthodoxe et son manque d’étanchéité qui le rend inapproprié à la conservation et au vieillissement du vin.

 

Longtemps cantonnée au marché du jus de fruits, la capsule à vis, quant à elle, a fait, ces derrières années, son entrée en force dans le monde viticole. Avec elle, plus de problème non plus de contamination par les TCA ni de syndrome de bouteille couleuse. Les consommateurs apprécient sa praticité permettant de se passer de tire-bouchon et de refermer la bouteille après usage pour une consommation ultérieure. En outre, l’étanchéité parfaite du bouchon à vis aurait pour vertu de permettre une conservation homogène du vin ce qui rendrait son utilisation intéressante pour les vins de garde même si certains lui reprochent de freiner le vieillissement naturel du vin dans le temps.Reste, enfin, que dévisser sa bouteille de vin n’est pas du goût de tout le monde. Ce geste peu naturel, voire sacrilège pour les nostalgiques du bouchon traditionnel, véhicule une image assez négative. Le cérémonial qui accompagne le débouchage d’une bouteille demeure, pour l’heure, sans équivalent. Mais qui sait, dans 30 ans, le petit bruit de la capsule qui « craque » aura peut-être remplacé celui du bouchon qui saute…

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