Visages de Bordeaux: Daisy Sichel du Château Angludet
Portrait
avril 6, 2018

Visages de Bordeaux: Daisy Sichel du Château Angludet

La nouvelle génération de viticulteurs de Bordeaux est jeune, moderne, et tournée vers l’innovation et la durabilité. Faites connaissance avec Daisy Sichel du Château Angludet.

Bien qu’à Bordeaux, la viticulture soit une tradition vieille de plusieurs siècles, les producteurs ne sont pas démodés pour autant. Bien au contraire ! Les jeunes de la nouvelle génération des viticulteurs de Bordeaux sont fortement tournés vers l’innovation et la durabilité, et soucieux de constamment développer leurs vins. Pour vous donner une meilleure idée des personnes qui se cachent derrière les bouteilles de vin que vous pouvez trouver dans les rayons de votre supermarché, nous vous proposons de les rencontrer à travers notre série “Visages de Bordeaux”.

Nous commençons avec Daisy Sichel (26 ans) du Château Angludet, une entreprise vitivinicole qui appartient depuis 1961 à sa famille. On peut donc dire qu’elle a grandi dans l’industrie du vin. Tout le monde dans la famille est impliqué dans la viticulture et chacun a son rôle au sein de l’entreprise. Daisy est responsable du développement de l’oenotourisme, de la communication, ainsi que du marketing.

Tu as des racines britanniques. Peux-tu expliquer pourquoi ta famille a décidé de cultiver du vin à Bordeaux ?

L’histoire familiale commence lorsque mon arrière-grand-père a décidé d’investir dans un château à Margaux: le Château Palmer. À ce moment, le coeur de la famille résidait encore en Angleterre. De temps en temps, nous faisions des petits voyages en France pour superviser le commerce avec le Château Palmer. Ce n’est que lorsque ma famille a acheté la propriété Angludet que nous sommes venus nous installer ici.

Qu’est-ce que cela fait de grandir dans une famille dans laquelle tous les membres travaillent dans la même entreprise ?

C’était amusant! Nous étions tous très intéressés par le commerce et la production du vin. Cela fait partie de nous, tout simplement. Le vin et ses secrets m’ont toujours fascinée. Je partage cet intérêt avec ma grand-mère, mes oncles, mes parents, mes soeurs, et mes neveux. Nous en savons tous beaucoup sur le sujet et nos conversations ne sont jamais ennuyeuses.

Est-ce que tu as toujours su que tu entrerais dans l’entreprise familiale ?

J’ai passé toute ma vie dans ce magnifique domaine et j’ai écouté mon père et mes oncles – tous des maîtres de la production viticole – discuter pendant des heures des arômes, goûts, tannins et de la qualité du vin. En fait, cela a toujours été clair pour moi qu’un jour ou l’autre, je suivrais leurs pas. C’est en quelque sorte un objectif de vie.

Qu’est-ce qui te fascine le plus dans la production viticole ?

Que c’est différent chaque année. Chaque récolte a sa propre personnalité, ce qui rend les choses excitantes. Même si nous jouons un rôle important, c’est finalement toujours la nature qui décide de ce qu’elle nous donne ! Comme le disait mon grand-père : “Le caractère vient du sol, la qualité vient de l’homme, et la personnalité vient des éléments”.

Quelles sont tes priorités pour produire un bon vin ?

Constamment s’améliorer, ce que nous faisons déjà. Mais également, protéger le terroir et produire le meilleur vin possible.

L’hiver en 2017 a été particulièrement dur pour Bordeaux. Environ 80% des récoltes de la région ont été perdues à cause du gel. Comment est-ce que le Château Angludet a-t-il été touché ?

C’était dur, c’est dur, et ce sera toujours dur. Nous avons fortement été touchés par le gel et avons perdu 85% de notre récolte. Nous vivons dans le domaine et cela nous a brisé le coeur de voir les vignes souffrir du froid. Un jour on voyait des bourgeons, tout était plein de couleurs, et les vignes étaient magnifiques, puis du jour au lendemain, il n’y avait plus rien. Pendant la nuit, tout avait gelé, comme si on était en plein hiver, alors que c’était fin avril !

Quelle est selon toi l’idée fausse qui revient le plus souvent à propos de Bordeaux ?

Peut-être l’idée que 2013 ne serait pas une bonne année ? Ou que les vins de Bordeaux doivent d’abord mûrir pendant 20 ans avant qu’on puisse les boire ? Ce n’est plus le cas depuis longtemps. Les vins deviennent meilleurs lorsqu’on les laisse reposer longtemps, mais une récolte plus jeune, de 2011 ou de 2012 par exemple, peut également être très bonne.

Comment vis-tu le fait d’être une jeune femme à produire du vin à Bordeaux ?

Je ne me définirais pas comme étant productrice de vin. Ce que je préfère faire, c’est parler des vins magnifiques du Château Angludet et les faire connaître auprès du grand public. Mon oncle produit cette potion magique, et je veux pouvoir en parler correctement. Comment pourrais-je communiquer sur un produit si je ne comprends pas comment il a été fait ? C’est pour cela que j’essaie d’endosser un maximum des tâches qui doivent être réalisées au domaine. De cette manière, non seulement je comprends mieux comment notre vin est produit, mais je peux également mieux l’expliquer aux personnes qui visitent notre château.

Quelle est la plus belle chose que comporte la culture du vin dans région de Bordeaux ?

C’est tellement plus que seulement de la viticulture. Souvent, j’ai l’impression que ce qui se passe ici est de la pure magie ! La qualité du sol est impressionnante et la quantité de travail qu’on fournit pour chaque vigne et chaque parcelle de terrain est énorme. Comment les raisins se transforment en vin lors du processus de fermentation, pour ensuite être mis en bouteilles, chaque année à nouveau, c’est quelque chose que je peux à peine décrire. Nous savons que le facteur décisif est la combinaison de la terre, de la nature, et de l’homme. Et c’est ce qui rend tout cela tellement excitant. Nous sommes extrêmement fiers de notre travail.

Quels sont tes accords mets-vins préférés ?

Oh, cela dépend entièrement de mon humeur ! Lorsque je suis heureuse, je bois La Réserve d’Angludet de 2012 avec une grande assiette de charcuterie fine. Lorsqu’il fait froid, et que je veux reprendre des forces, je choisis un Château Angludet de 2011, que j’accorde avec un filet de boeuf, des champignons et une sauce légère. Et quand cela ne va pas du tout et que je suis d’humeur triste, je choisis sans aucun doute un Château Angludet de 1964, 2002 ou 2010 (décanté 4 heures à l’avance) avec un grand steak saignant. Il n’y a pas de meilleur remède !

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